Octobre rouge à prévoir sur le Nasdaq ? Si, en Bourse, ce mois a très mauvaise presse, cette année août et septembre lui ont déjà bien mâché le travail. En effet, après un début d’année morose et une tentative de rebond cet été, les valeurs technologiques repiquent du nez. Et ce, sans discernement aucun ! Les valeurs solides, comme les coquilles vides. Le grand ménage a commencé. L’heure des emplettes aussi…
La performance actuelle du NASDAQ 100 invite au sauve-qui-peut
Après un début d’année morose et une tentative de rebond cet été, les valeurs technologiques ont repris le chemin de la baisse dès la fin du mois d’août. Le NASDAQ 100, indice de référence pour les investisseurs qui se positionnent sur la tech, a terminé le mois de septembre sur une performance lamentable : -33 % depuis le 1er janvier.
Rares sont les investisseurs – qui plus est particuliers – qui peuvent se permettre de voir leurs portefeuilles perdre près d’un tiers de valeur sereinement. Après tout, ne considère-t-on pas, en Bourse, qu’à partir de -20 % de repli sur les actions, le bear market (marché baissier) est enclenché ? Voilà ce qui explique pourquoi les opérateurs sont dès lors tentés de solder leurs positions… en attendant des jours meilleurs.
-33 % de baisse en 9 mois : la performance du NASDAQ 100 invite au sauve-qui-peut
Selon son niveau de technicité, chacun se couvre en fermant ses lignes, en vendant des actions à découvert ou en achetant des options put… La baisse alimente alors la baisse et, de la même manière qu’aucun prix n’est trop cher en période d’euphorie, aucun prix n’est assez bas en période de doute.
Mais, avec près d’un tiers de la capitalisation boursière des valeurs technologiques effacée depuis la fin 2021, vient de nouveau le moment de se poser la question de la valeur juste des titres. Certaines entreprises – et c’est très bien – disparaissent du radar de l’actualité boursière. D’autres, en revanche, sont massacrées dans le mouvement de peur général, et reviennent sur des niveaux d’achat particulièrement intéressants. Le grand ménage a commencé, les emplettes aussi…
Le grand ménage est-il allé trop loin ?
Si vous êtes un fidèle lecteur d’Opportunités Technos, vous savez qu’en tant que technophile et investisseur, rien ne me crispe plus que de voir la tech utilisée à mauvais escient.
La baisse alimente la baisse
En effet, depuis les débuts de la révolution industrielle, l’innovation technologique est le moteur principal de l’amélioration de notre niveau de vie. Et la voir appliquée sans raison à des thèses d’investissement fantasques est un gaspillage sans nom.
L’entreprise de vélo d’appartements Peloton en est le parfait exemple. Elle n’a jamais dégagé de bénéfices depuis son IPO en 2019. Pour info, elle n’était d’ailleurs ni bénéficiaire en 2018 ni en 2017… Elle n’a aucune stratégie pour être profitable à court comme à moyen termes. Elle ne prévoit pas de verser de dividendes. Ces éléments mis bout à bout, quel est l’intérêt pour un investisseur d’acheter le titre sauf à espérer le céder à terme à plus optimiste – les anglophones diraient « plus bête » – que soi ?
Un cours divisé par 10 : voilà ce qui attend les investisseurs qui parient sur la tech
en négligeant les fondamentaux économiques
Utiliser l’argument technologique à mauvais escient n’est pas l’apanage de la Silicon Valley. La France connaît aussi son lot d’entreprises qui valorisent la tech à toutes les sauces – au point parfois de perdre de vue que l’innovation est un moyen, pas une fin en soi.
Lucibel, par exemple, est une entreprise spécialisée dans l’éclairage LED qui a décidé de s’illustrer en l’utilisant de manière détournée, pour ne pas dire discutable. Son premier coup d’éclat était de pousser l’utilisation du LiFi, technologie qui n’a jamais trouvé son marché. Plus récemment, elle s’est approchée de Dior pour vendre au prix fort des solutions de cosmétique par luminothérapie. Une technique fortement contestée…
Après quelques bouffées d’engouement, le marché a fini par prendre conscience de la valeur ajoutée douteuse des produits de Lucibel, et l’action a détruit 86 % de sa valeur par rapport à son premier jour de cotation.
Evolution de l’action Lucibel depuis son IPO.
Attention aux innovations bien réelles, comme la LED, utilisées à mauvais escient !
Que les marchés fassent le ménage chez les entreprises technologiques qui utilisent l’innovation sans créer de valeur est normal, et même salutaire. C’est, après tout, une des fonctions primordiales de la Bourse : quantifier la valeur réelle d’une activité et son potentiel de gain à long terme.
Que les indices baissent de concert est tout aussi naturel. Même un indice sélectif comme le NASDAQ 100 contient son lot d’activités dont l’avenir économique est discutable. Meta (-60 % depuis le 1er janvier) pourra-t-elle survivre au désamour des jeunes générations pour la plateforme Facebook ? Suivra-t-elle le chemin de MySpace ? L’action AMD (-56 % en 2022) n’était-elle pas allée trop loin avec une multiplication par 15 de son cours entre 2018 et 2021 ?
Chercher la vraie valeur de ces entreprises dont la croissance n’ira pas jusqu’au ciel est une mécanique saine et rationnelle. En revanche, d’autres valeurs technologiques, qui n’étaient pas survalorisées au 1er janvier, se retrouvent à des niveaux de capitalisation sans lien avec leur rentabilité réelle.
Les décotes excessives du NASDAQ
Prenons l’exemple d’ASML, entreprise néerlandaise présente sur le NASDAQ. Elle a perdu, à l’instar d’AMD, près de la moitié de sa valeur sur les neuf premiers mois de l’année. Pourtant, fondamentalement, son activité reste très soutenue et sa marge affolante. Fin juillet, elle a annoncé au titre du deuxième trimestre des ventes de 5,4 Mds€ et une marge brute de 49 % digne des meilleures valeurs du luxe. Sur un an, ses ventes augmentent de +54 % et son résultat net de +107 %.
Une fois de plus, les mouvements de foule boursiers manquent de finesse lorsqu’il s’agit de séparer le bon grain de l’ivraie
Difficile de justifier, dans le même temps, une baisse de près de 50 % du titre.
De même, la biotech Moderna a cédé -51 % entre début janvier et fin septembre. Certes, le COVID-19 nous a laissés relativement tranquilles depuis plusieurs mois. Mais la résurgence continue de variants – et le début de la campagne hivernale des boosters – vient nous rappeler que le virus est là pour rester, et que l’immunité vaccinale est éphémère. Et même si nous décidions de ne plus vacciner la population générale contre le COVID-19, les vaccins à ARN ont fait la preuve de leur supériorité et de leur flexibilité. Rappelons que, sur l’année 2022, ont été créés successivement des vaccins contre Omicron BA.1, puis BA.4 et BA.5 !
Jamais, dans l’histoire de l’humanité, nous n’avions disposé d’une telle technique vaccinale capable d’être adaptée en temps réel. Et Moderna, entreprise de croissance s’il en est dans la mesure où sa technologie n’est pas encore déployée, ne s’échange que… 4 fois ses bénéfices 2022 prévus !
Une fois de plus, les mouvements de foule boursiers manquent de finesse lorsqu’il s’agit de séparer le bon grain de l’ivraie. Certains blâmeront la psychologie des foules, d’autres la main lourde de la gestion indicielle qui vend et achète sans distinction les titres. Le pourquoi importe finalement peu : l’important est de réaliser que la grande purge qui a lieu sur les marchés est à la fois salutaire pour écarter les dossiers boiteux et excessifs au profit des entreprises qui apportent une valeur ajoutée bien réelle. Pour celles-ci, l’heure des emplettes a commencé…