[Le cloud est devenu un élément incontournable pour beaucoup d’entreprises. Mais, aujourd’hui, il ne s’agit plus de simples serveurs hébergés quelque part… Cela va bien plus loin. Il offre par exemple une capacité de calcul digne des meilleurs supercalculateurs. Le futur de l’intelligence artificielle mais aussi de l’Internet des objets passera par lui. Le cloud est appelé à dominer la tech, et son potentiel de croissance est tout simplement gigantesque…]
Le 9 janvier 2021, à Washington, trois jours après l’invasion du Capitole, Amazon a déconnecté Parler… Parler est un réseau social controversé connu pour être le lieu d’échanges de prédilection des conservateurs – très, très à droite – américains. Dont les émeutiers du Capitole…
Et, pour John Matze, le P-DG de Parler, le fait que sa plateforme se fasse éjecter d’Amazon Web Services (AWS), le service de cloud d’Amazon, représentait un problème majeur… [La plupart des gens ne s’en rendent pas compte mais une énorme partie d’Internet fonctionne avec AWS. Environ 40 % selon les estimations.]
Une énorme partie d’Internet fonctionne avec le cloud d’Amazon (AWS)
Pour Amazon, le raisonnement était le suivant : Parler ne modérait pas les contenus potentiellement violents. Et c’était problématique. Raisonnement partagé par Google et Apple qui avaient déjà retiré Parler de leurs app stores. Bref, Parler était fichu. Et c’est Amazon qui lui a porté le coup de grâce.
En fait, peu importe vos opinions politiques, l’idée que toute une plateforme puisse disparaître d’Internet est choquante. Et on doit cela au cloud… et à son hégémonie grandissante dans le paysage internet mondial. A ce titre, il représentera l’une des plus importantes opportunités de croissance de ces prochaines années. Il est donc primordial de comprendre dès maintenant de quoi il retourne. Et c’est ce que je vous propose de voir aujourd’hui.
Un service à la demande, instantané et adaptable
Commençons donc par une définition toute simple. Le cloud, c’est à peu près tout ce qui se produit sur Internet – en dehors des appareils que vous possédez chez vous. Par exemple, lorsque votre téléphone portable enregistre vos photos sur le cloud, il les envoie sur un serveur de stockage dans un grand centre de données détenu par les géants du secteur des technologies.
Les entreprises, elles le voient plus comme un service informatique à la demande. Cela veut dire qu’on leur fournit une infrastructure technologique instantanée et adaptable, notamment en fonction des pics de trafic.
L’ancienne méthode était coûteuse. Il fallait louer de l’espace dans un endroit disposant de services internet ultra-rapides, actionner des sauvegardes et énormément de sécurité, acheter quelques serveurs et engager un spécialiste qui pouvait faire fonctionner correctement le logiciel et le matériel. C’était une démarche plutôt lourde.
Et si vous vouliez offrir vos services à des clients du monde entier, il fallait dupliquer tout cela dans des sites dispersés partout dans le monde afin de garantir que tous disposent d’une vitesse exploitable. Aujourd’hui, il suffit simplement d’aller sur Microsoft Azure et de louer tout cela à la minute.
Les fournisseurs de cloud ne sont pas de simples serveurs hébergés quelque part
Prenons un exemple. Imaginez qu’un site d’enchères enregistre une explosion de connexions aux alentours de midi, chaque jour, lorsque les enchères sont sur le point de s’achever. Selon l’ancien modèle, la société devait acheter assez de capacité de serveur pour gérer ce pic. Et ce, même si cette capacité ne servait à rien tout le reste de la journée… Mais, en passant par un fournisseur de cloud, ce site peut dorénavant augmenter sa capacité chaque jour à 11 heures du matin et la réduire ensuite à 13 heures. Elle ne payera donc que le temps qu’elle a utilisé.
C’est beaucoup plus facile. Beaucoup moins coûteux. Et, surtout, beaucoup plus efficient. Il faut dire que les fournisseurs de cloud (Microsoft, Amazon, Google, Alibaba et Oracle) dépensent énormément d’argent pour qu’il soit le plus simple possible de connecter les différents éléments d’infrastructure qu’ils vendent. Ils sont devenus un élément crucial des stratégies de beaucoup d’entreprises.
Et même certains géants tels que Netflix choisissent de passer par des fournisseurs de cloud comme AWS plutôt que de gérer leurs propres centres de données. Les avantages liés au coût, et l’expertise opérationnelle que l’on trouve chez les plus grands acteurs, constituent de loin une meilleure affaire.
C’est également la raison pour laquelle le réseau social Parler s’est retrouvé totalement désactivé lorsque AWS l’a déconnecté alors que, dans le même temps, d’autres fournisseurs de cloud n’ont pas voulu le récupérer. Contrairement à ce que beaucoup de monde pense, les fournisseurs de cloud ne sont pas de simples serveurs hébergés quelque part : la composante cruciale du cloud, c’est qu’il associe une infrastructure technologique évolutive à des tarifs et à une disponibilité à la demande. Or, pour les entreprises, cette combinaison est idéale.
Mais, si historiquement, le cloud était axé sur les cas d’utilisation que nous venons d’aborder (l’hébergement de sites et toutes les infrastructures qui vont avec), tout est en train de changer… rapidement…
Un rôle majeur dans la science des données
Aujourd’hui, les scientifiques utilisent le cloud pour faire tourner des groupements (ou « clusters ») de serveurs permettant de réaliser des calculs complexes rapidement, sans avoir besoin d’un superordinateur sur site.
Et le cloud joue un rôle majeur dans la science des données, l’Internet des objets (IoT) et l’intelligence artificielle (IA) : les ingénieurs peuvent stocker d’énormes volumes de données chez les fournisseurs de cloud, puis les analyser sur des machines qui sont bien plus rapides que ce que l’on peut avoir sur son bureau.
Google Cloud a développé sa propre puce, appelée Tensor Processing Unit (TPU), un composant spécifiquement conçu pour réaliser les calculs matriciels nécessaires afin « d’entraîner » [NdlR : dans le sens de « l’apprentissage »] extrêmement vite les modèles d’apprentissage automatique (machine learning). Ce composant permet d’entraîner les modèles d’IA environ 27 fois plus vite qu’avec des GPU classiques [NdlR : processeurs graphiques], et pour infiniment moins cher.
On ne peut pas acheter des TPU : on ne peut que les louer sur Google Cloud…
Microsoft pose ses pions avec GPT-3
Microsoft, de sont côté, a réalisé d’énormes investissements dans ce domaine de pointe. La société a annoncé l’an dernier qu’elle avait construit l’un des cinq principaux superordinateurs divulgués dans le monde, et son infrastructure est accessible sur son service de cloud Azure, via un partenariat avec Open AI.
Microsoft a également la licence exclusive de GPT-3, un modèle de langage dernier cri développé par Open AI. Et GPT-3 est accessible aux développeurs sur Azure pour qu’ils l’utilisent dans leurs propres produits.
Tout récemment, Microsoft a annoncé le déploiement des toutes premières fonctionnalités de GPT-3 dans ses propres produits, et tout cela est alimenté par son propre service de cloud. Dans ce cas, Microsoft est à la fois son propre fournisseur de service et client.
Le cloud n’est pas près de disparaître
Pour les petites startups technologiques, le cloud réduit énormément les barrières à l’entrée. Et pour les géants technologiques, il offre une incroyable capacité de supercalcul.
Plus important encore, c’est un domaine d’activité difficile à pénétrer. Amazon, Google et Microsoft emploient chacun des milliers d’ingénieurs très bien rémunérés qui travaillent constamment afin d’apporter de nouvelles fonctionnalités et technologies.
Le cloud n’est pas près de disparaître. Et nous aurons l’occasion d’en reparler plus régulièrement à l’avenir.
1 commentaire
Très intéressant. Mais comment investir dans ce domaine ?,,,,