Comme nous recevons beaucoup de courriers liés à nos articles sur le florissant marché du cannabis légal outre-Atlantique et aux perspectives de gains époustouflants qu’il offre aux boursicoteurs, nous avons décidé de relayer cette étude sur la consommation de drogues illicites réalisée en 2017 auprès de 20 000 personnes âgées de 18 à 64 ans. Le cannabis étant absolument illicite dans notre contrée, ce sont les seuls chiffres auxquels nous avons accès pour notre beau pays.
Premier constat : oubliez l’adolescent à capuche qui trompe son mal de vivre à grand renfort de psychotropes… Signes des temps certainement, le marché du cannabis est en train de changer. Et, avec lui, les contours du portrait-robot de son usager moyen.
En effet, dans leur étude sur Les niveaux d’usage des drogues illicites en France en 2017, qui fait la part belle à la consommation de marijuana, l’organisme Santé publique France et l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) soulignent que “depuis trois décennies, la diffusion de cannabis n’a cessé de progresser.”
Cannabis : une consommation en progression
Ainsi, si en 1992 12,7 % des Français déclaraient avoir fumé au moins une fois du cannabis au cours de leur vie, ils étaient 44,8 % à faire ce même aveu en 2017. Dans le détail, 11 % en auraient consommé au moins une fois courant 2017, 6,4 % durant le mois précédent l’enquête alors que 3,6 % se considèrent comme des consommateurs réguliers puisqu’ils en font usage une dizaine de fois par mois.
Niveaux d’usage du cannabis
suivant l’âge et le sexe parmi les personnes de 18-64 ans en 2017 (en %).
Sources : Baromètres santé 2014 et 2017, Santé publique France, exploitation OFDT
Exception faite du taux d’expérimentation (au moins un usage au cours de la vie), c’est bien évidement la tranche des 18-25 ans qui campe à la première place du classement. Plus d’un jeune sur quatre en aurait consommé courant 2017 (26,9 %).
Mais, force est de le reconnaître, les habitudes de consommation évoluent. “L’augmentation des niveaux d’usage dans l’année touche l’ensemble des générations mais est particulièrement sensible parmi les adultes de 35 à 44 ans avec une évolution de 1,2 % à 9,4 %”, entre 1992 et 2017.
Evolution de l’usage dans l’année de cannabis entre 1992 et 2017 par groupe d’âge (en %).
Sources : Baromètres santé 2014 et 2017, Santé publique France, exploitation OFDT
Les baby-boomers en ligne de mire…
Plus intéressant encore – en tout cas de mon point de vue –, sur la même période, la part des 45-54 ans a été multipliée par 6 ! Certains pourraient conclure, un peu trop rapidement, qu’il y a une bonne part soixante-huitards là-dedans. Mais ce n’est absolument pas le cas. Mai 68 s’étant déroulé il y a 50 ans (49 ans au moment de l’enquête), cette tranche d’âge était, à cette époque, tout au mieux encore en couche-culotte… Alors ériger des barricades un joint à la main…
En revanche, ce qui est certain, c’est qu’à mesure que les Etats assoupliront leur législation dans cette direction, les séniors seront toujours plus nombreux à y recourir pour ses qualités thérapeutiques. Et, quand l’or gris (les baby-boomers) fusionnera avec l’or vert, le marché qui en découlera sera ultra-luxuriant…
On peut déjà en avoir un avant-goût en regardant ce qui se passe actuellement outre-Atlantique (notamment grâce à ces chiffres), Californie en tête, où pour soulager certains maux liés à la vieillesse les personnes âgées se convertissent de plus en plus au cannabis… Nous aurons l’occasion d’en reparler.