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Comment devenir une licorne en un an, le cas Clubhouse

par Arthur Toce
réseau social clubhouse

[Une appli très select, un réseau social ultra-confidentiel, des fans déjà inconditionnels… comme Elon Musk… Clubhouse a moins d’un an et sa croissance est massive. C’est un vrai phénomène et il pourrait bien devenir le plus grand succès de 2021. Il coche toutes les cases pour ! De quoi faire de l’ombre à Facebook…]

J’ai découvert Clubhouse en mai dernier, quand ce réseau social d’un tout nouveau genre a été lancé aux Etats-Unis. Je voulais absolument avoir une invitation pour rentrer dans la bêta et j’ai fini par l’obtenir.

Pourquoi cette excitation et ce désir d’en savoir plus ?

Parce que le projet est porté par des profils que j’estime de très grande qualité : des stars du sport, du cinéma, mais surtout des pointures du capital-risque, entre autres.

Et puis, vous le savez, moi j’aime bien quand ça mousse. Et, avec Clubhouse, ça l’a fait dès le départ, avec une « valo » à 100 M$ alors qu’il y avait à peine 1 500 utilisateurs !

Clubhouse se démarque de Facebook et Twitter

C’est quand même 66 666 $ – non ne fuyez pas devant ce chiffre bestial – par tête de pipe ! De quoi faire peur au diable…

Comme je le disais quelques lignes plus haut, Clubhouse est un réseau social d’un tout nouveau genre. Il est basé uniquement sur l’audio. Les utilisateurs y partagent de mini clips audio. L’idée est assez simple : permettre aux gens de créer des podcasts inclusifs, c’est-à-dire participatifs, le tout dans un environnement contrôlé.

J’ai reçu mon invitation début novembre et je suis désormais un fan de plus de l’appli. Le contenu est de qualité – de bien meilleure qualité que ce que l’on trouve sur Facebook ou Twitter. Alors, là, vous vous dites sans doute, « Arthur, tu es une victime de la mode, de la hype », etc.

Peut-être… Mais, laissez-moi vous expliquer pourquoi je pense que la stratégie suivie par Clubhouse est excellente et, surtout, pourquoi je pense que cette appli sera l’un des grands gagnants de 2021 !

Un art du buzz consommé

Clubhouse se voulait un endroit select. Pour correspondre à ce côté premium, l’appli a d’abord été lancée sur iPhone. Elle a mis en place une stratégie du bruit basée sur des « top profils » (des têtes d’affiche) : l’inénarrable Elon Musk, le rappeur star Kanye West, l’acteur Ashton Kutcher, et j’en passe.

marque de casques audio Beat du rappeur Dr Dre

Lancement de la marque de casques audio Beat du rappeur Dr. Dre. Un joueur avec le casque. Source : NBA

Ce genre de stratégies basée sur le buzz et la rareté ressemble à celle employée par Dr. Dre lorsqu’il a lancé sa marque de casques, Beat. Dr. Dre avait offert des casques aux joueurs de l’équipe US de basket pour les JO. Nombre d’entre eux se pavanaient ensuite avec le casque vissé sur les oreilles. Les préventes ne comportaient que de tout petits stocks, l’effet de rareté jouait à bloc et la marque était née.

Grosse différence avec Facebook et Twitter : chez Clubhouse, on cherche l’exception et non la quantité !

Comme je l’ai dit, ne rentre pas qui veut aussi facilement que sur Instagram et consorts. Chaque utilisateur a le droit d’inviter deux utilisateurs. C’est tout. Cela oblige les premiers venus à faire un choix et à bien sélectionner ceux qu’ils invitent. Clubhouse est donc un réseau social, mais aussi un super outil pour « réseauter ».

Clubhouse innove également dans le domaine de la modération. Chaque « Room » doit disposer d’un modérateur qui peut à tout moment limiter la parole d’un membre. Le côté audio only rend la modération beaucoup plus simple que si c’était de la vidéo.

Licorne en un an !

La croissance de Clubhouse est massive. L’appli est passée de 1 500 utilisateurs en mai à plus de 6 millions ! Elle est également parvenue à s’internationaliser très vite, avec une belle traction en Allemagne et au Japon.

croissance utilisateurs clubhouse

Source : App Annie.

Cette croissance durera-t-elle ?

Rien de certain, mais dans un univers où l’on peut construire des géants en quelques années, il faudra assurément surveiller cette application.

Le risque principal sur un lancement de cet ordre est de diluer la qualité dans la croissance et donc, à terme, de perdre l’intérêt de la plateforme. Il n’en reste pas moins que Clubhouse est une histoire magnifique.

Voici ce que j’en retiens : dans le monde actuel, avec une bonne exécution, de la chance et une vision, on peut créer un produit qui rapportera des milliards en quelques années.

Ce n’est pas un accident, c’est un changement de monde

L’ascension de Clubhouse illustre parfaitement un concept qui m’est cher et que j’appelle la malléabilité du temps.

Auparavant, l’économie était assez linéaire. Les développements étaient longs. La disruption existait, et les investisseurs pouvaient dégager plus ou moins un chemin. Les décisions des entreprises impactaient évidemment leurs performances, mais il était bien rare de voir de vraies bifurcations.

Aujourd’hui, il faut bifurquer tôt pour ne pas louper le next big thing, le prochain phénomène.

Pour exister, notre champion de l’informatique Atos doit travailler sur le quantum computing, sans quoi il risque de devenir inutile dans vingt ans. Mais, en parallèle, l’entreprise doit faire des choix et mener des développements à plus court terme pour continuer de faire tourner son business.

Il faudra assurément surveiller cette application

Voilà un facteur économique clé qui a changé depuis la massification d’Internet post 2000. Et en vérité je dirais même que cela s’est intensifié depuis 2010.

Cette malléabilité du temps, avec des changements violents à court comme à long termes, des risques de création et de destruction de valeur ultra-rapides, impose un nouveau modèle et une nouvelle vision de l’investisseur. Il nous faut mieux accepter l’échec, qui devient plus fréquent car le monde économique est plus instable, et surtout il faut accepter de se projeter sur le long terme dans des potentialités de croissance.

C’est ce que nous voyons avec les Tesla (NASDAQ : TSLA), Virgin Galactic (NYSE : SPCE). Ce ne sont pas les seules…

Notre monde a changé. Il nous faut l’accepter et vivre avec. Vous ne deviendrez pas riche en reproduisant les stratégies « value » de Warren Buffett.

Il est toujours important de comprendre comment ils ont fait et d’adapter leurs apports à nos méthodes d’investissement, tout en sachant que les recettes d’hier ne sont plus celles d’aujourd’hui.

De toute manière, la seule martingale de long terme que je connaisse est celle-là : apprendre, lire, accepter l’échec et intérioriser les notions du temps et du risque.

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