Accueil InvestirIndices et actions [Crise énergétique] Cogra peut-elle encore réchauffer votre PEA ?

[Crise énergétique] Cogra peut-elle encore réchauffer votre PEA ?

par Etienne Henri
investir Cogra Bourse

Une sévère pénurie d’énergie se profilant à l’horizon, l’hiver s’annonce rude… Mais peut-être pas pour votre portefeuille (ou votre PEA). Y-a-il vraiment une opportunité boursière à saisir ? C’est ce que nous allons voir ensemble aujourd’hui avec Cogra, spécialisée dans la fabrication de granulés de bois de chauffage…

Pour jouer la crise énergétique, est-il encore temps d’acheter Cogra ?

Lors du dernier live organisé dans le cadre de mon service d’investissement dédié aux valeurs de la transition énergétique Zéro Carbone Millionnairedont vous pouvez retrouver un extrait juste ici – l’un de mes abonnés m’a interrogé sur l’opportunité d’ouvrir une ligne sur Cogra, entreprise française basée à Mende, en Lozère, spécialisée dans la fabrication de granulés de bois pour poêles et chaudières : « Est-il encore temps d’acheter l’action ? »

Peut-être vous aussi vous posez-vous cette question. Et ce d’autant qu’une sévère pénurie d’énergie se profilant à l’horizon, l’hiver s’annonce rude… Mais peut-être pas pour votre portefeuille. Y-a-il vraiment une opportunité boursière à saisir ? C’est ce que nous allons voir ensemble aujourd’hui.

L’engouement pour les granulés de bois se confirme

Le marché du granulé de bois est plutôt tendu en ce moment. Ainsi, les récentes augmentations de capacité de production de Cogra se sont immédiatement matérialisées par des ventes supplémentaires. Son chiffre d’affaires a explosé l’année dernière (+50 %), passant d’un exercice à l’autre de 27,9 M€ à 42 M€.

A court terme, le potentiel de croissance de Cogra est intact et il est même permis d’espérer que les ventes continuent d’augmenter sur le prochain exercice. Le positionnement de Cogra bénéficiera en effet du contexte actuel.

Le positionnement de Cogra bénéficiera en effet du contexte actuel

D’une part, rappelons-le, les interruptions des chaînes logistiques internationales que nous subissons depuis deux ans rendent les importations de matières premières à faible valeur ajoutée de moins en moins compétitives. D’autre part, le bois étant une source d’énergie neutre en carbone, il est considéré comme renouvelable dans le cadre d’une gestion durable de la ressource.

Les granulés, qui permettent de valoriser les sous-produits de l’industrie, cochent à ce titre toutes les cases. Plutôt que de laisser déchets et sciure à la merci de la dégradation bactérienne (émettrice de méthane, gaz à effet de serre 80 fois plus puissant que le CO2), mieux vaut les brûler pour fournir de l’énergie qui économisera autant de ressources fossiles.

A plus long terme, cependant, plusieurs freins à la croissance sont à anticiper…

Et après ? Bois de chauffage, de l’incitation à l’interdiction

Aujourd’hui, en France, près de 6 millions de ménages utilisent un appareil de chauffage au bois. Déjà plus de 16 % des maisons individuelles sont équipées, et la hausse de la consommation de granulés sera essentiellement portée par la hausse du prix de l’électricité et du gaz.

Les personnes possédant un système de chauffage à bois auront, dans les prochains mois et les prochaines années, certainement tout intérêt à éteindre radiateurs, chaudières au fioul et même pompes à chaleur pour faire tourner leurs poêles à bois.

Des méthodes réputées « écologiques » à un instant t peuvent tomber en disgrâce du jour au lendemain

Pour autant, une nouvelle vague de diffusion de ce mode de chauffage traditionnel semble difficile. De plus en plus, les politiques publiques de protection de la qualité de l’air prennent en compte les émissions des habitations. En hiver, dans la vallée de l’Arve, le chauffage individuel au bois est la cause de 80 % des émissions de particules dans l’air, loin devant le transport routier et l’industrie.

Après une phase incitative durant laquelle les particuliers ont été poussés à remplacer leurs installations, les pouvoirs publics ont purement et simplement interdit l’utilisation de tout dispositif de chauffage au bois à foyer ouvert depuis le 1er janvier. S’il s’agit d’une mesure locale, et qui ne concerne pour l’instant pas les dispositifs modernes, elle illustre bien la tendance dans laquelle nous nous trouvons.

De plus en plus, l’Etat va piloter la manière dont nous nous chauffons et des méthodes réputées « écologiques » à un instant t peuvent tomber en disgrâce du jour au lendemain. Souvenez-vous ainsi de la Réglementation Environnementale RE 2020, qui a interdit la pose de chaudière à gaz dans les bâtiments neufs à partir de 2022. Alors que les chaudières à gaz étaient, depuis dix ans, présentées comme une énergie « bas carbone » !

Le marché des poêles à bois fait ainsi face à une double menace : la faible profondeur de marché restante, et les problématiques sanitaires de qualité de l’air qui risquent de conduire à leur interdiction à moyen terme.

Et c’est là qu’est, à mon sens, le problème du dossier Cogra…

Cogra : beaucoup trop de risques pour y aller

Si l’activité a bien augmenté de +50 % sur un an – une performance qui mérite d’être saluée –, le cours de l’action a de son côté bondi de +118 % sur la même période.

Nous assistons à une décorrélation prix/valeur qui est le signe d’une phase de hausse maniaque du marché.

Cogra graphe bourse

L’action Cogra est entrée en hausse exponentielle
qui n’est pas totalement justifiée par la progression de l’activité

Pourtant, l’EBITDA reste stable aux alentours des 12 % du chiffre d’affaires. De même, le résultat net sur six mois est resté quasiment inchangé entre le 31 décembre 2020 et le 31 décembre 2021 (+1 %). Il n’y a donc, en l’état actuel des choses, aucun effet ciseaux vertueux qui viendrait démultiplier les bénéfices.

Nous avons bien d’autres options…

Nous sommes donc face à un dossier qui se paye historiquement cher, qui peine à augmenter ses marges, et dont la croissance à moyen terme n’est pas assurée. Beaucoup de risques sur le cours de l’action et peu de potentiel de hausse si le marché revient aux ratios de valorisation passés. Vous l’aurez compris, nous restons à l’écart.

Pour profiter, d’un point de vue boursier de la pénurie qui s’annonce en ayant un temps d’avance sur le marché, nous avons d’autres options…

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