© couv: TuSimple
[Les véhicules autonomes seraient-ils enfin pour demain ? C’est en tout cas ce que laisse croire une toute récente série de news abondant dans cette direction. Plus concrètement, encore, ce sont les camions autonomes qui devraient investir les premiers – de manière large et massive – nos routes. Tout se met en place. Le déferlement est imminent. Voici donc deux poids lourds de la conduite autonome à surveiller de près…]
Cruise, filiale de General Motors, a annoncé qu’elle avait fait circuler un véhicule entièrement autonome à San Francisco et l’a évidemment filmé.
Ce sont bien les camions qui risquent de devenir massivement autonomes les premiers
Mais c’est surtout du côté des camions autonomes que les dernières nouvelles m’ont particulièrement interpellé. (D’autant que vous pouvez désormais investir dans plusieurs pure players du secteur…)
Par rapport aux véhicules pour les particuliers, la logistique présente l’immense avantage de trajets le plus souvent répétitifs et fixes, ce qui permet d’optimiser les logiciels de conduite autonome à chaque route et d’éviter les secteurs compliqués des centres-ville.
Le marché visé est absolument monumental, environ 4 000 Mds$ au niveau mondial.
En outre, l’équation économique est redoutablement simple : environ 40 % du coût du transport va dans le salaire des camionneurs. Au-delà de cet horizon lointain, même si on peut être à peu près certain que nous aurons des projets-pilotes opérationnels en 2025, la conduite semi-autonome permet déjà de réduire les frais de diesel d’une quinzaine de pourcents. Un argument économique auquel les opérateurs sont sensibles.
Ainsi, contre toute attente, ce sont bien les camions qui risquent de devenir massivement autonomes les premiers.
TuSimple: des camions sans superviseur
Vous le savez sans doute, malgré toutes les annonces, il est très compliqué de faire rouler de manière totalement autonome des véhicules sur des routes ouvertes. Eh bien, TuSimple, une des plus grandes références mondiales en termes de camions autonomes, a annoncé qu’elle allait faire rouler ses camions sur 80 miles, entre Tucson et Phoenix, sans superviseur de sécurité, avant la fin de l’année.
TuSimple a vraiment des arguments très forts
Et on ne parle pas de camionnettes ici, mais bien de 38 tonnes !
Evidemment, ce qu’on oublie de dire dans ces cas, c’est que si aucun conducteur n’est présent dans le véhicule, il continuera d’être supervisé à distance et que les opérateurs pourront intervenir. Cependant, avec une distance de 200 mètres pour freiner et 10 secondes pour changer de voie, la moindre erreur peut être dramatique.
TuSimple a vraiment des arguments très forts dans le secteur et pourrait tout à fait devenir un poids lourd de la conduite autonome. L’entreprise a notamment gagné plusieurs prix dans le domaine de la vision par ordinateur et son fondateur et CTO, Xiaodi Hou, est une pointure du machine learning au niveau mondial.
La startup californienne cherche à développer un réseau de fret autonome. Elle avance tronçon de routes après tronçon et a signé un partenariat d’envergure avec UPS.
Carte des opérations de TuSimple. En noir, les routes actuellement expérimentées. En bleu, celles qui seront expérimentées en 2021 et, en jaune, celles qui sont prévues ultérieurement
Source : TuSimple Investors Deck
Si TuSimple, cotée au Nasdaq sous le ticker TSP, parvient à mener ses tests avec succès, nul doute que cela donnera un sacré coup de fouet à son cours de Bourse. L’entreprise s’échange toujours autour de ses niveaux d’IPO et se valorise 8,5 Mds$. Mais cela ne devrait pas durer… donc gardez bien un œil sur cette valeur.
Aurora Driver vient de fusionner avec un SPAC
Fondée en 2017 par des anciens des projets de conduite autonome de chez Google, Uber et Tesla, cette entreprise propose une plateforme réunissant software, hardware et exploitation réunis sous le nom commercial Aurora Driver.
Aurora Driver est encore hors radar
A la différence de TuSimple, Aurora Driver veut se positionner en tant qu’entreprise de driver-as-a-service en BtoB. Soutenue par de très grands noms du capital-risque, dont Amazon et Sequoia, Aurora Driver a signé plusieurs partenariats avec Volvo et Toyota.
Largement capitalisée, elle disposerait d’une réserve de cash de 1,8 Md$. De quoi voir venir. Fait notable : l’IPO est assortie d’une période de lockup de quatre ans. Une manière de faire comprendre au marché qu’il s’agit d’un projet à long terme et non d’une passade.
Aurora Driver clame disposer d’un système de conduite autonome supérieur à celui de la concurrence car il est capable de percevoir les objets en mouvement bien plus loin que ses homologues.
Encore totalement inconnue du grand public, aucun mouvement spéculatif ne s’est manifesté sur l’action qui continue de végéter à 10 $. Il faut avouer que l’IPO, via SPAC, a lieu bien en amont de toute réalisation commerciale… Malgré ses 1 600 employés, Aurora Driver ne prévoit aucune rentabilité avant 2027. Ses projets les plus proches se situent en 2023. Aurora Driver est cotée sur le Nasdaq sous le ticker AUR.