C’est le troisième site le plus fréquenté au monde. Il vous permet de découvrir que vos enfants adorent l’alcool, que votre camarade de classe a mal tourné, que votre collègue de bureau qui a pris quelques jours pour enterrer sa grand-tante est en fait en train de soigner sa gueule de bois et que votre voisin de palier aime ses enfants, son chien, les nains de jardin, les orchidées rares ou plus simplement sa petite personne (rayer les mentions inutiles).
En gros Facebook, c’est tout et n’importe quoi… et en photos, commentaires, j’aime/j’aime pas.
Mais Facebook, c’est surtout des dizaines d’informations collectées sur vos goûts, vos amis, vos habitudes. Une énorme base de données d’informations personnelles fournies, consciemment ou pas, par les 500 millions de membres du réseau.
Tout cela aurait un prix. 50 milliards de dollars de valorisation et 500 millions d’investissements de Goldman Sachs et du groupe russe Digital Sky Net. Pour un chiffre d’affaires apparemment estimé à 1,2 milliard de dollars et un bénéfice de 355 millions de dollars pour les 9 premiers mois de 2010.
Même si le réseau social n’est pas officiellement coté, Goldman Sachs vous propose maintenant d’y investir. Devez-vous vous laisser tenter ?
Le cas Facebook est à lui seul un concentré de la bulle Internet et de la bulle spéculative qui a précédée 2008. Le pire du pire en quelque sorte. Plusieurs raisons à cela :
1. Parce que la valorisation de Facebook repose sur du sable
Un petit tour dans la presse française est assez intéressant. Une majorité de commentateurs insistent sur la viabilité du modèle Facebook, ses avancées technologiques etc. Peut-être, effectivement, mais pour le moment le réseau de Mark Zuckerberg est loin d’avoir fait ses preuves économiquement.
Le bénéfice de Facebook ne serait que de 355 millions de dollars. Des chiffres qui sont à prendre avec des pincettes puisque ce sont ceux avancés par Goldman Sachs pour convaincre les investisseurs que le réseau est l’affaire du siècle. La semaine dernière encore, la plupart des spécialistes estimaient le chiffre d’affaires du réseau social à 1,5 ou 2 milliards de dollars.
Les valorisations de l’entreprise de Mark Zuckerberg sont fondées sur des projections de revenus. Rien de bien concret. Facebook est tout juste rentable mais ses actions ont une valeur supposée – rappelons que le réseau n’est pas introduit en Bourse – supérieure à celles de Google.
2. Parce que Goldman Sachs est loin d’en être à son premier coup fumeux
Goldman Sachs s’est largement illustré pendant la bulle Internet, comme le rappelait Philippe Béchade dans La Chronique Agora : « Les investisseurs se souviennent-ils seulement du nombre de procès intentés à Goldman Sachs entre 2000 et 2003 pour avoir introduit en bourse des dizaines de dot.com qui firent faillite dans les 18 mois suivant leur entrée en bourse ? Et pourtant les documents initiaux indiquaient une valorisation délirante et des perspectives de chiffre d’affaires à donner le vertige… tandis qu’en interne, les initiés traitaient ces mêmes baudruches de « daubes », de « pièges à nigauds » (pour rester correct) ».
« Les ficelles étaient si grosses et l’arnaque était tellement voyante que Goldman Sachs a préféré conclure des transactions avec les plaignants plutôt que d’aller jusqu’au procès (perdu d’avance) ».
Aujourd’hui, Goldman Sachs non seulement essaie de vous vendre des actions d’une société dont personne ne connaît la valeur réelle mais en plus la méthode utilisée est plus que litigieuse. En effet, Goldman Sachs a un fonds d’investissement FBDC Investors LP, composé uniquement d’actions Facebook.
Par ce moyen, GS essaie de passer au-dessus des règles de la SEC, l’organisme de contrôle des marchés US. Toute entreprise ayant plus de 500 actionnaires doit divulguer ses comptes et autres informations financières. Or, le fonds de GS compte pour un seul actionnaire – c’est du moins ce que la banque d’affaires voudrait faire admettre à la SEC – ce qui évite à Facebook de dépasser le fatidique nombre des 500 actionnaires.
La SEC n’a évidemment pas apprécié ni le montage de Goldman Sachs ni la volonté affichée de Facebook de cultiver le secret sur ses chiffres si bien qu’une enquête sur le réseau est en cours.
3. Parce que Facebook repose sur l’utilisation de données personnelles
Le problème est que le trésor de guerre de Facebook est la détention de données personnelles de tous ses utilisateurs. Et que toute personne utilisant Facebook ou souhaitant y investir devrait se demander qui va posséder – et pouvoir utiliser – ces données.
Devez-vous vous laisser séduire par Facebook ?
Vous l’aurez compris, la réponse est non. Une société qui n’a pas encore démontré sa capacité à être rentable, un montage qui s’apparente à du bidouillage et des niveaux de valorisation qui rappellent les grandes heures de la bulle Internet… attention danger !
En ce qui concerne les nouvelles technologies, nos deux spécialistes Patrick Cox et Ray Blanco sont bien plus prudents que ne l’est Goldman Sachs. Avec rigueur et sérieux, ils choisissent des sociétés solides et dont les avancées technologiques vont faire parler d’elles. En cliquant ici, vous pourrez découvrir les 5 événements technologiques qui ont toutes les chances de bouleverser le monde dans les 10 prochaines années. Et surtout, les moyens pour vous d’en profiter en tant qu’investisseur individuel. Pour en savoir plus…
Photo : nobihaya – Flickr
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Le 17 janvier 2011, nous avons publié un article intitulé « Devez-vous vous laisser séduire par Facebook » qui indiquait que l’homme d’affaires russe, M. USMANOV, avait été emprisonné en Ouzbékistan pendant les années 1980. Nous avons depuis été informé par M. USMANOV que la Cour Suprême d’Ouzbékistan par jugement en date du 3 mai 2000, a annulé cette décision et a exonéré M. USMANOV. Cette décision n’a pas été rendue publique à ce jour. Nous tenons à en informer nos lecteurs et à présenter nos excuses à M. USMANOV pour cette information incomplète.
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