En mettant en commun leurs flottes de satellites internet, le Français Eutelsat et le Britannique OneWeb comptent bien créer l’un des concurrents les plus sérieux à mettre en face de l’actuel leader du secteur : Starlink de SpaceX. Un concurrent Halo-Fi européen. Un concurrent de taille puisque la future nouvelle entité a d’ores et déjà de quoi lui voler la vedette et quelques parts de marché…
On le sait, je vous en parle assez régulièrement dans ces colonnes, l’adoption massive de l’Internet par satellite (Internet spatial ou encore Halo-Fi) est imminente tout simplement parce que cette technologie pourrait résoudre une multitude de problèmes. Et ce, dans le monde entier.
La fusion Eutelsat/OneWeb pourrait bien rebattre les cartes du secteur
A cet égard, Starlink, le service proposé par Elon Musk via SpaceX, a fait de l’excellent travail en se plaçant à l’avant-garde de ce mouvement. C’est le leader du secteur. Et c’est aussi souvent la seule société que l’on associe à l’Internet spatial. Il existe bien des concurrents capables de déployer un Internet spatial mais, à vrai dire, peu d’entre eux arrivent à la cheville de Starlink en termes de présence.
Cela dit, ce ne sera peut-être pas toujours le cas… Récemment, la société parisienne Eutelsat a signé un protocole d’accord de rachat du Britannique OneWeb. La fusion, qui se réalisera intégralement par échange d’actions, valorise l’entreprise à quelque 3,4 Mds$, somme convenue entre les deux partenaires.
Mon collègue Etienne Henri a déjà couvert le sujet de manière très complète. Cela dit, je tenais, moi aussi, à vous livrer quelques éléments d’analyse tant cette opération est stratégique. Elle pourrait en effet bien rebattre les cartes du secteur dans les mois qui viennent…
Création d’un Starlink européen
D’abord, en fusionnant leurs flottes de satellites internet, Eutelsat et OneWeb comptent bien créer l’un des concurrents les plus sérieux à mettre en face de Starlink. Un concurrent européen.
Pour rappel, avant cet accord, Eutelsat détenait une participation de près de 24 % dans OneWeb, et le gouvernement britannique d’environ 19 %. Lorsque l’opération sera bouclée, la participation britannique issue de la fusion sera réduite à 11 %. Toutefois, le Royaume-Uni détiendra toujours des « actions spéciales » lui apportant certaines garanties.
Car, oui, comme vous l’expliquait Etienne s’agissant des Américains Starlink et Kuiper : « Leur disponibilité en Europe n’est absolument pas garantie. » En effet, en cas de conflit, par exemple, dépendre ainsi des autres peut vite devenir un problème. Voilà pourquoi Eutelsat et OneWeb fusionnent. Dans cette perspective, l’accord prévoit notamment que les deux entreprises mettent leurs flottes de satellites en commun pour en former une seule.
Ainsi, Eutelsat apportera ses 36 satellites géostationnaires et OneWeb sa flotte de 428 satellites positionnés en orbite basse. C’est précisément sur ce point que les choses deviennent intéressantes. Et c’est précisément sur ce point que Starlink peut d’ores et déjà se faire un peu de souci…
Combinaison inédite, connectivité imparable
Je m’explique. Il existe quelques différences clés entre les satellites de ces deux entreprises qui vont dorénavant opérer en tandem. Les satellites géostationnaires, qui évoluent sur une orbite plus lointaine dans l’espace, sont stationnés le long de l’équateur terrestre. De manière générale, ils se déplacent plus lentement que les satellites circulant en orbite basse.
La constellation OneWeb/Eutelsat serait la seule à opérer à la fois en orbite géostationnaire et en orbite basse.
L’idée est la suivante : les satellites géostationnaires peuvent opérer sur une zone de couverture plus vaste alors que les satellites en orbite basse – positionnés plus près de la surface de la Terre – couvrent une zone plus modeste. De fait, ils doivent opérer au sein d’une constellation d’autres satellites connectés afin de communiquer de façon précise. Ils offrent l’avantage d’une connectivité rapide.
En combinant cette connectivité rapide offerte par les satellites en orbite basse à la vaste couverture offerte par les satellites géostationnaires, la société issue de la fusion espère proposer de meilleurs services à sa clientèle.
La constellation OneWeb/Eutelsat serait d’ailleurs la seule – pour l’heure – à opérer à la fois en orbite géostationnaire et en orbite basse. Starlink n’opérant qu’en orbite basse, la concurrence européenne a là un argument de taille pour lui voler la vedette et lui prendre quelques parts de marchés…