Présentation du IBM Q System One.
Crédits : IBM Research
Malgré la révolution qu’il promet, l’ordinateur quantique a aujourd’hui encore du mal à s’extraire des laboratoires de recherche. Pourtant les choses commencent à changer… Au CES de Las Vegas, IBM a même créé l’événement. En dévoilant son tout premier modèle à vocation commerciale, l’ »IBM Q System One », Big Blue se positionne d’ores et déjà comme la première entreprise capable de proposer à tout un chacun l’accès à la computation quantique. Enfin ! Oui mais… Si cette annonce fait bien parler d’elle, ce n’est pas forcément pour les bonnes raisons…
IBM n’a pas de quoi affoler la concurrence…
Visuellement, il n’y a rien à redire, l’objet a quelque chose de remarquable : un cube au design futuriste superbement épuré. Avec environ 2,7 mètres le côté, la stature est massive mais plutôt compacte pour un ordinateur quantique –, ce qui traduit un certain degré de sophistication. L’esthétisme fonctionne bien. Il nous promet puissance et performance.
Sauf que ce n’est vraiment pas le cas… Il n’y a pas grand-chose à voir sous le capot. A peine 20 qubits. Nous sommes donc encore loin de la puissance de calcul nécessaire pour battre celle d’un supercalculateur classique. En effet, pour atteindre ce qu’on appelle la suprématie quantique, il faut beaucoup plus que 20 qubits. 50 qubits plus exactement. Et c’est ce seuil qui sert de frontière entre l’informatique ordinaire et l’informatique quantique. Par conséquent, l’IBM Q System One n’a pas encore véritablement de quoi affoler la concurrence… A titre de comparaison, rappelons que le Bristlecone de Google affiche 72 qubits et le Tangle Lake 49 qubits…
… et pourtant…
Mais, ceci étant dit, et à moins d’être profondément ignare, je pense qu’IBM a tout à fait conscience de la puissance réduite de son processeur. Bien sûr, parce qu’en fait, ce n’est pas là que réside la véritable avancée présentée par l’entreprise. Et Arvind Krishna d’IBM de commenter : « Ce nouveau système est essentiel pour étendre l’informatique quantique au-delà des murs du laboratoire de recherche, alors que nous travaillons au développement d’applications quantiques pratiques pour les entreprises et la science. » Et, de ce point de vue, il n’a pas vraiment tort.
Alors que d’autres s’échinent à sortir l’ordinateur quantique le plus puissant, Big Blue, se veut plus pragmatique et pense déjà aux débouchés commerciaux…
Au contraire. Ce prototype renferme un vrai tour de force technologique – que préfère sans doute ignorer la concurrence. L’IBM Q System One est stable. Il serait même l’ordinateur quantique le plus stable du moment. Voilà l’un de ses aspects les plus intéressants. Surtout quand on envisage de sortir l’informatique quantique du domaine de la recherche… Surtout quand on se figure ses futurs usages commerciaux et scientifiques…
Et, à ce titre, IBM ne trahit pas ce qui a fait d’elle une pionnière en matière de technologie quantique. En effet, alors que d’autres s’échinent à sortir l’ordinateur quantique le plus puissant, Big Blue, se veut plus pragmatique. Elle pense en termes d’applications et s’efforce de faire de l’informatique quantique une réalité plus tangible. Elle cherche à le rendre accessible, comme le prouve la mise à disposition via le cloud de trois ordinateurs quantiques pour que les développeurs puissent s’entraîner à coder quantique depuis 2016.
Et, c’est pour cela qu’elle a séduit des organismes comme le laboratoire de recherche européen (CERN). Car, tant que l’ordinateur quantique restera confiné dans les laboratoires, aucune réelle nouvelle avancée technologique n’est possible. Voici ce que propose IBM : permettre aux entreprises d’expérimenter en direct l’informatique quantique. Et donc de créer de nouveaux débouchés, autres que le seul calcul quantique.