[Dans notre mix énergétique, toutes les sources d’énergie renouvelable ne se valent pas. Exit l’hydroélectricité, son potentiel de croissance est dorénavant proche de zéro. Les éoliennes ? Elles progressent, certes, mais au prix de contraintes toujours plus lourdes et compliquées. Et puis il y a le photovoltaïque… L’énergie qui domine le jeu – nucléaire compris…]
Les « sources » d’énergie renouvelable ne sont pas nées égales. Si elles consistent toutes, d’une manière ou d’une autre, à exploiter la lumière qui arrive sur Terre (seule véritable source d’énergie constante dont nous bénéficions sur notre planète), les étapes intermédiaires changent totalement la donne en termes de facilité d’exploitation, de coûts et de perspectives.
Les panneaux solaires offrent un rendement et des perspectives incomparables
Les centrales hydroélectriques permettent d’exploiter le cycle évaporation/condensation de l’eau. Une partie infime de l’énergie de ce cycle bien connu des écoliers, rendu possible par la lumière du Soleil, est récupérable sous forme d’énergie potentielle. Barrages et turbines ne sont pas une nouveauté : nous exploitons la « houille blanche » depuis le XIXᵉ siècle, et avons maillé notre territoire de barrages et de conduites forcées.
Aujourd’hui, les spécialistes s’accordent à dire que le potentiel inexploité de cette technologie est quasi-nul. A moins de noyer des vallées entières, nous n’avons pas la possibilité d’augmenter facilement la part de l’hydroélectricité dans notre mix énergétique. L’hydroélectrique est arrivé tôt dans notre histoire industrielle, a permis la démocratisation de l’électricité, mais a ensuite perdu de sa superbe face au pétrole et au gaz naturel – et ne la retrouvera certainement jamais.
Les éoliennes, qu’elles soient terrestres ou maritimes, ne sont pas très différentes dans leur principe. Au lieu d’exploiter la perte d’altitude de l’eau, elles créent de l’électricité en ralentissant le vent. Fondamentalement, la méthode est identique : ralentir imperceptiblement des masses colossales mises en mouvement par le soleil. Si utiliser la force du vent pour nos besoins ne date pas d’hier (les premiers moulins à vent datent du VIIᵉ siècle), l’utilisation pour produire de l’électricité à échelle industrielle est plus récente. Les éoliennes progressent, certes, mais au prix de contraintes toujours plus grandes en termes de gigantisme, d’impact environnemental et d’utilisation de ressources.
Et puis, il y a le photovoltaïque… L’énergie par laquelle notre transition énergétique passera.
L’avantage injuste des panneaux solaires
En transformant directement la lumière en énergie utile (électricité), l’effet photovoltaïque est un raccourci inégalable par les autres « sources » d’énergie renouvelable qui ne sont en fait que des étapes intermédiaires entre notre Soleil et notre compteur électrique.
Par rapport à l’exploitation de l’eau qui tombe, du vent qui souffle ou même de la biomasse qui pousse, les panneaux solaires offrent un rendement et des perspectives incomparables. C’est, sans aucun doute, la manière de produire de l’électricité qui a le plus progressé ces dernières années.
Quelle que soit la manière de compter, et sur pratiquement toutes les échelles de temps, le prix de l’électricité d’origine solaire baisse de façon quasi-exponentielle. Que l’on regarde l’évolution depuis le début du XXe siècle ou sur les dernières années, les progrès sont continus.
Evolution du prix du panneau solaire (en $/watt installé) aux USA
Source : eia
Or, même les plus aguerris des investisseurs ont du mal à appréhender la puissance d’une exponentielle. Alors que les progrès linéaires apportent un confort bienvenu, les progrès exponentiels sont ceux qui déclenchent des changements de civilisation. C’est exactement ce qui est en train de se passer avec le photovoltaïque.
Le retour du « too cheap to meter » ?
C’est sans aucun doute une des plus grandes promesses non tenues du nucléaire : créer une électricité si peu chère que mesurer les kWh consommés n’aurait pas eu de sens. Il est vrai que, par rapport au charbon ou au pétrole, les centrales nucléaires permettaient de « changer d’échelle » de production… mais la technologie a rapidement atteint son plateau d’efficacité. En l’absence de progrès réguliers, nous n’avons jamais franchi le stade de l’énergie gratuite.
L’électricité d’origine photovoltaïque était devenue l’énergie la moins chère de l’histoire de l’humanité
De son côté, le solaire continue d’offrir toujours plus pour moins cher.
L’année dernière, l’IEA (International Energy Agency) a annoncé que l’électricité d’origine photovoltaïque était devenue l’énergie la moins chère de l’histoire de l’humanité. Bien sûr, ce genre de déclarations fracassantes doit être prise avec un peu de recul. A ce jour, il n’y a que dans certains cas que les installations solaires s’avèrent moins chères que les équivalents carbonés.
Mais, sur le long terme, cela n’a pas d’importance car la tendance est bien là. Tant que les progrès des panneaux solaires se poursuivront, le curseur de rentabilité continuera de se décaler face aux alternatives fossiles. Les panneaux solaires seront rentables dans de plus en plus de situations.
Comme nos abonnements 4G dont le coût au méga-octet a chuté jusqu’à devenir négligeable dans la plupart des situations, viendra peut-être un moment où l’accès à l’électricité sera quasi-forfaitaire hors période de pointe.