Cypress Semiconductor (NASDAQ : CY), dont le cours était à l’étal depuis juin 2019, suite à l’annonce de son rachat par l’Allemand Infineon Technologies AG (IFX) au prix de 23,85 $ l’action, plonge de 29,74 % pour retrouver ses niveaux de l’époque.
Vous vous en doutez, cela n’est pas lié à des résultats, mais aux craintes que le rachat ne se fasse pas. En effet, la sécurité nationale américaine aurait recommandé au président Trump d’interdire le rachat au prétexte qu’il mettrait la sécurité du pays en danger… Mais, je croyais que l’Europe et les Etats-Unis étaient alliés ? Ah non, mais là, ce n’est pas pareil, parce qu’Infineon fait le tiers de son chiffre d’affaires avec la Chine et pourrait du coup offrir aux Chinois des technologies confidentielles.
Je ne suis pas adepte du complotisme, mais il est évident que ce n’est pas la vraie raison… De très nombreuses entreprises réalisent un tiers de leur chiffre avec la Chine. Sans doute, les Etats-Unis considèrent-ils que la technologie de Cypress est trop stratégique pour qu’elle passe entre les mains de ses alliés. Cypress s’est notamment spécialisée ces dernières années sur deux segments en très forte croissance : les véhicules autonomes et l’Internet des objets.
Cette fusion aurait permis à Infineon de devenir le 8e fabricant mondial de puces, mais surtout le premier dans le domaine de l’automobile et des composants discrets (c’est-à-dire les composants non intégrés). Ce n’est pas la première fois que l’administration américaine bloque des rachats de semi-conducteurs nationaux. Charité bien ordonnée commence par soi-même et les Américains sont passés maîtres dans l’art de protéger leurs intérêts stratégiques. Sous bien des aspects, les semi-conducteurs sont la matière première de la 4e révolution industrielle. Ils sont comme l’acier lors de la seconde : essentiels et stratégiques. C’est à leur aune que l’on mesure la puissance d’une nation.
Evidemment de tout cela, vous ne lirez rien dans la presse grand public puisqu’Infineon est une entreprise allemande… Précisons tout de même que rien n’a été officiellement acté pour l’instant.
