La Fed se réunit ce soir. Et, dans l’intervalle, un attentisme fébrile domine les marchés. L’inflation est toujours trop présente. Certains secteurs étant, certes, plus touchés que d’autres. Qu’est-ce que cela signifie pour les marchés ? Et pour vous, investisseur ? Allons-nous tomber plus bas encore ? Les données de marché historiques peuvent nous donner quelques pistes de réflexion…
La Fed, qui se réunit ce soir, pèse sur les marchés actions
Après une légère hausse en début de semaine, les actions ont baissé hier. En définitive, ces journées de va-et-vient n’ont pas fait grand-chose pour changer l’opinion des gens à l’égard du marché, à la clôture. C’est plutôt la réunion imminente de la Fed, que la plupart des traders ont eu à l’esprit.
Hier, en intraday, nous avons à nouveau constaté des mouvements indécis. Et ils devraient au moins persister jusqu’à ce soir, avec la réunion de la Fed assortie d’un relèvement de ses taux directeurs de 75 points de base.
Certains pensent que la hausse pourrait être plus importante, à 100 points de base. Ils s’appuient sur des chiffres de l’inflation au-dessus des projections du consensus. Ce qui a bien chahuté les marchés la semaine dernière.
Les arguments en faveur d’une hausse de 1 % sont les suivants : face à ces chiffres de l’inflation, étonnamment élevés cette année, les responsables sont moins sûrs de la façon dont le processus d’inflation fonctionne.
D’un autre côté, on a peur que la Fed ait tenté de juguler l’inflation trop tard, et qu’en relevant les taux trop rapidement, un atterrissage en douceur devienne impossible.
Bref, la nervosité est palpable. Nous le constatons avec ces mouvements de va-et-vient et ces faibles volumes de transactions ponctués de grands mouvements.
Nous y verrons peut-être plus clair ce soir, mais ce sera probablement encore la même chose… Pour l’instant, observons de quelle façon l’inflation s’est invitée dans les prix à la consommation.
L’inflation dans différents secteurs
Comme l’on peut s’y attendre, la hausse des prix varie en fonction des secteurs : certains sont plus durement touchés que d’autres, alors que les prix chutent dans d’autres.
Cet article paru dans The Wall Street Journal comporte une carte (« heat map ») très intéressante, qui vous indique [avec des nuances de couleurs] les variations des prix dans différents secteurs par rapport à la même période l’an dernier.
Deux d’entre eux sautent aux yeux…
Pour commencer, le prix des smartphones a chuté de 20 %, et ce sont donc eux qui affichent la plus forte variation à la baisse.
Les prix à la consommation du mois d’août 2022 affichent une hausse de 8,26 % par rapport à la même période en 2021
Parmi les prix en baisse figurent des choses telles que les télévisions (-19 %), les produits liés aux technologies de l’information (-8 %) et les produits audio/vidéo (-9 %).
La plus forte augmentation – et ce n’est probablement pas surprenant – intervient sur le prix du mazout, qui a augmenté de plus de 68 %.
On constate plus d’augmentations de prix que de baisses, en conséquence de quoi les prix à la consommation du mois d’août 2022 affichent une hausse de 8,26 % par rapport à la même période en 2021.
Cela va très certainement se traduire par une nouvelle hausse des taux de 75 points de base lors de la réunion de la Fed de ce soir.
Bien que certains pensent que la Fed relève les taux trop lentement – ce qui expliquerait pourquoi l’inflation n’a pas encore ralenti – il convient de se rappeler qu’il faut un certain temps avant que les hausses de taux aient un effet.
En moyenne, il s’écoule environ neuf mois – ou deux à trois trimestres – avant que des hausses de taux ne parviennent à juguler l’inflation comme on le souhaite. Ce n’est pas immédiat.
Il y a même une chance que la Fed relève les taux trop vite, et s’oriente vers une déflation.
Dans tous les cas, nous obtiendrons quelques éclaircissements ce soir. Qu’est-ce que cela signifie, pour les marchés ?
Jusqu’où allons-nous tomber ?
Au 20 septembre, l’indice S&P 500 est en baisse de 18 % depuis le début de l’année. C’est un peu mieux que le plus-bas le plus récent enregistré cette année, celui du mois juin, période où l’indice S&P 500 était en baisse d’un peu plus de 23 % depuis le début de l’année.
Le taux à 10 ans a dépassé les 3,5 %, marquant ainsi son plus-haut niveau enregistré depuis 2011
Quand on essaie de prédire vers où les actions vont s’orienter, on peut se tourner vers deux secteurs. L’un d’eux est probablement au sommet des préoccupations, aujourd’hui : il s’agit des rendements (ou taux) obligataires.
Le 20 septembre au matin, le taux à 10 ans a dépassé les 3,5 %, marquant ainsi son plus-haut niveau enregistré depuis 2011.
Certains analystes pensent qu’il pourrait s’orienter vers les 4 % (voire plus), ce qui veut dire plus de baisses en perspective pour les actions.
Un optimisme haussier pourrait s’emparer des traders si les rendements commençaient à sombrer… Mais, pour l’instant, les signaux tendent plutôt vers une hausse.
Il est également intéressant de se pencher sur l’historique.
Bien que les données de marché historiques n’indiquent pas ce que réserve l’avenir, il peut être intéressant d’observer comment les investisseurs ont réagi par le passé, face à des événements similaires.
L’un de mes amis et collègues m’a communiqué ces données :
Il s’agit des mouvements de cours enregistrés sur l’indice S&P en période de forte hausse des taux de la Fed.
Depuis 1945, l’indice S&P 500 a enregistré un plus-bas lors de 8 cycles majeurs de hausse des taux de la Fed sur 9. Il existe une seule exception : 1973-1974…
En moyenne, 91 séances de marché ont enregistré un plus-bas à partir de la première hausse.
Pour resituer un peu le contexte, en mars 2022, la Fed a débuté son cycle de relèvement des taux avec une première hausse de 25 points de base. Nous sommes donc au 188e jour de ce cycle de relèvement…
Le dernier plus-bas enregistré sur le marché remonte au 16 juin, soit au 92e jour du dernier cycle de hausse des taux de la Fed.
Et donc, je me dis qu’il existe une forte probabilité de retournement, si les investisseurs constatent des signes concrets de ralentissement de l’inflation.
Nous serons vite fixés
Pour l’instant, l’inflation reste un gros problème, et tant qu’elle n’aura pas commencé à baisser, la Fed poursuivra probablement une politique de hausse des taux et un resserrement monétaire agressifs.
Et en général, cela a un effet négatif sur le marché actions. Comme je l’ai indiqué plus haut, tous les regards sont braqués sur la réunion de la Fed de ce soir… Alors nous serons vite fixés.