En juillet 2018, la fondation TRON – du nom de la cryptomonnaie éponyme destinée à créer un écosystème permettant les échanges de valeurs entre créateurs et consommateurs de contenus culturels – faisait l’acquisition de BitTorrent.
BitTorrent fait partie de ses grands anciens du web libertaire, voire carrément pirate, des années 2000 aux côté des eMule et autres Napster. Le rachat aurait coûté à TRON 140 M$.
Les anciens et les nouveaux
Créée en 2001, BitTorrent est sans doute la plus célèbre protocole d’échanges pair-à-pair au monde. Fin 2018, le protocole représentait 22% du trafic ascendant global (upload). Pour mémoire, en 2011, ce même chiffre était de 52%. C’est vous dire à quel point cet acteur a été central à une époque pas si lointaine.
Pour contrecarrer le déclin récent du trafic sur BitTorrent, les équipes avaient réfléchi à la possibilité d’intégrer un jeton dans le business model afin de le rendre plus rentable et plus efficace.
L’idée était de créer un système automatisé pour la prise en charge des files de téléchargement en les hiérarchisant. Un principe classique de « plus l’utilisateur paye cher, plus son téléchargement est rapide ».
Selon leurs recherches, l’implémentation d’une cryptomonnaie dans le système de BitTorrent pourrait augmenter la vitesse du réseau de 40 %.
C’est alors qu’est arrivé la fondation TRON.
Un rapprochement problématique
Le rachat ne fut pas sans heurts. Une partie de l’équipe de développement quitta l’entreprise et notamment Simon Morris, responsable en chef de la stratégie de BitTorrent.
Simon Morris a fortement critiqué TRON arguant qu’en aucun cas son protocole ne serait capable de traiter le volume de transactions requis par BitTorrent. Morris a tout de même neuf années d’expérience chez BitTorrent.
TRON (TRX), 8e cryptomonnaie du marché est pour le moins controversée. Le livre blanc du projet (white paper) est accusé de plagiat et le jeton est souvent qualifié de scam… Mais passons sur les détails de ces polémiques au demeurant fréquentes dans la sphère crypto.
Justin Sun a décidé de développer un nouveau jeton, le BTT, dédié à BitTorrent et s’appuyant sur le protocole de TRON.
Simon Morris ne mâche une fois encore pas ces mots. Pour lui, ce n’est qu’une opération de pur marketing et cela ne résoudra pas les problèmes d’évolutivité nécessaire pour la prise en charge des millions de téléchargements quotidien du réseau.
Nous allons avoir une belle occasion d’observer comment TRON parvient à se « dépatouiller » avec un projet pour le moins ambitieux.
Le vrai bénéficiaire du projet
Pour autant, l’ICO du jeton BitTorrent, le BTT, a très bien marché. Elle a été réalisée via le launchpad de Binance, la plateforme de Binance dédiée au financement de projets de l’écosystème de la blockchain.
Les investisseurs ont pu participer à la levée de fonds en Binance coin (BNB) et en TRON (TRX).
Résultat : l’équivalent de 7,1 M$ a été levé en 27 minutes. Et encore, la levée de fonds aurait pu être réalisée en moins d’une minute s’il n’y avait pas eu un problème technique aux dires du PDG de Binance.
A l’avenir, de nouvelles ICO seront développées sur le launchpad de Binance. Ce cas d’utilisation du BNB est un vecteur supplémentaire d’une augmentation de la demande dans le jeton. Il y a un an, le Binance coin était classé 31e capitalisation du marché, aujourd’hui, le jeton a rejoint le top 10 !
C’est triste à dire mais encore une fois, ce sont les plateformes centralisées qui tirent leur épingle du jeu et organise le marché. Si vous suivez l’écosystème cryptos de loin et n’entendez parler que de la chute du cours du Bitcoin (aujourd’hui à environ 3400 $), ne pensez pas que les cryptomonnaies sont finies. Il est bien des cas d’usage où la blockchain et les cryptos peuvent avoir une vraie utilité. La blockchain de TRON sera-t-elle capable de relever le défi ?