Course à l’espace oblige, le segment du lancement spatial, lui aussi, met le pied au plancher. Et plus particulièrement sur le segment des petits lanceurs qui entre (enfin) dans l’ère des fusées réutilisables. Ce que SpaceX a fait, Rocket Lab compte bien le reproduire à son niveau. Ainsi, tout comme son grand frère, il entend bien participer à réduire les coûts et changer, lui aussi, la donne économique sur son segment d’activité. Et ce n’est pas rien !
Le secteur du lancement spatial est entré dans une ère d’innovations intenses
Après avoir évolué avec la lenteur d’un escargot pendant des dizaines d’années, le secteur du lancement spatial est entré dans une ère d’innovations intenses.
Les lancements spatiaux ayant toujours été extraordinairement coûteux, les acteurs du secteur avaient tendance à être extrêmement prudents.
SpaceX a permis de bouleverser le marché. En réduisant les coûts de lancement via la réutilisation des lanceurs, Elon Musk a modifié la logique économique des lancements de charges utiles dans l’espace.
Avant SpaceX, placer quelque chose en orbite s’apparentait à mettre au rebut un avion à chaque traversée de l’Atlantique. Le coût de réalisation de quelque chose était donc prohibitif.
L’ère des fusées réutilisables a commencé
Même s’il reste très coûteux d’aller dans l’espace, SpaceX a fait énormément baisser les coûts. La réutilisation des lanceurs changeant la donne, SpaceX a poussé le reste du secteur – somnolent jusqu’alors – à se rattraper pour rester dans la compétition.
Le lanceur Falcon 9 revient à la base après la mise en orbite de plusieurs satellites en 2018
(source : SpaceX)
SpaceX a fait ses preuves, avec son lanceur moyen réutilisable Falcon 9, et démontré qu’il pouvait aller en orbite puis redéposer sur Terre ses étages inférieurs en toute sécurité.
En ce moment, Elon parie l’avenir de son entreprise sur le lanceur géant Starship et le booster « Super Heavy » qu’il a l’intention d’utiliser, au bout du compte, pour transporter des humains sur Mars.
Ces lancements meilleur marché, de même que d’autres technologies, ont ouvert de nouveaux marchés potentiels dans l’espace. La baisse des coûts de lancement signifie qu’il est désormais possible de lancer des constellations de centaines – voire de milliers – de satellites, en vue d’assurer une couverture haut débit tout autour de la Terre.
Les grands lanceurs, comme la fusée Falcon de SpaceX, peuvent lancer des dizaines de petits satellites de communication à la fois. La prochaine fusée Starship sera capable d’en gérer des centaines.
Mais, même si les grands lanceurs offrent un bon moyen de lancer de petits satellites à un coût avantageux, lorsqu’il s’agit d’effectuer des remplacements sur des constellations existantes, il est encore nécessaire de lancer un seul satellite – ou un petit nombre d’entre eux – dans l’orbite appropriée.
Rejoindre SpaceX sur le terrain de la réutilisation
C’est notamment la mission de sociétés telles que Momentus ou Rocket Lab, mais également celle de plus petits lanceurs capables d’envoyer en orbite ces petites charges utiles. Et pour que cela puisse se réaliser, la réutilisation est essentielle. (Imaginez ce qu’un vol vers l’Europe ou l’Asie coûterait si l’avion en question ne pouvait être utilisé qu’une seule fois.)
Aujourd’hui, je vais vous parler plus particulièrement de Rocket Lab. Considérez Rocket Lab comme le petit frère de SpaceX. Cette société compte la NASA, la DARPA et Planet Labs – entre autres – parmi ses clients.
Comme SpaceX, il s’agit d’un opérateur privé qui a réussi à envoyer des charges utiles dans l’espace. Depuis 2017, la société a lancé 20 fusées transportant 104 satellites, et c’est donc la fusée américaine la plus fréquemment lancée, derrière SpaceX, ces dernières années.
La société y est parvenue grâce à une technologie innovante de premier ordre, telle que l’impression 3D du moteur-fusée, des moteurs-fusées alimentés par pompe électrique, et des lanceurs entièrement réalisés en matériaux composites à base de fibre de carbone.
Le lanceur Electron de Rocket Lab peut cibler 132 créneaux de lancements par an à partir des trois pas de lancement de l’entreprise. Récemment, la société a racheté SolAero Holdings, un acteur émergent du secteur des panneaux solaires, ajoutant ainsi de nouvelles opportunités à ses activités existantes.
Rocket Lab est en train de tester un système de récupération de l’étage principal (lors de son retour sous parachute) par un hélicoptère qui le capturerait en plein vol puis le ramènerait à Terre.
Un dispositif simple et innovant
Voici comment les choses doivent se passer. Après le déploiement d’un parachute stabilisateur à 13 kilomètres d’altitude, le parachute principal sera extrait à environ 6 kilomètres d’altitude pour ralentir considérablement la vitesse à 10 mètres par seconde, soit 36 km/h.
Lorsque l’étage entrera dans la zone de capture, l’hélicoptère de Rocket Lab tentera d’aller à la rencontre de l’étage qui revient et de capturer la ligne du parachute à l’aide d’un crochet. La petite taille des fusées de Rocket Lab permet cette manœuvre. Elle l’a prouvé plusieurs fois lors de tests.
Pour vous rendre compte par vous-même du projet de Rocket Lab, regardez cette vidéo de démonstration : https://www.youtube.com/watch?v=HOnNYWu6onU
Ensuite, l’étage principal pourrait être préparé pour un nouveau lancement, au lieu d’être abandonné dans l’océan.
Si ce système de récupération est développé avec succès, cela voudrait dire que Rocket Lab – comme SpaceX – pourra alors avancer l’argument de la réutilisation, ce qui devrait énormément réduire les coûts et changer la donne économique dans le secteur des petits lanceurs.
Rendez-vous lors du prochain lancement programmé le 19 avril pour découvrir si Rocket Lab entre dans la cour très fermée des entreprises spatiales capables de réutiliser avec succès des morceaux de ses fusées…