Quel secteur symbolise plus les nouvelles technologies que les systèmes embarqués ? Qu’il s’agisse de robots, d’intelligence artificielle, de smartphones, de drones ou tout simplement d’Internet à haut débit, nous devons la grande majorité des évolutions technologiques des 50 dernières années au déploiement massif de puces électroniques de plus en plus évoluées.
Les objets comportant de l’intelligence (appelés systèmes embarqués) sont basés sur le couple électronique/informatique. Si les progrès de l’informatique embarquée ont permis de produire des objets au comportement de plus en plus évolué et aux fonctionnalités toujours plus riches, cette inflation des capacités s’est faite au prix d’une augmentation exponentielle des besoins en puissance de calcul.
La baisse continue du prix des produits électroniques ne doit pas faire oublier que leur complexité suit une pente ascendante.
Là où il y a de la complexité, il y a de l’effort – et des dépenses. Qui, aujourd’hui, profite de ce flux de capitaux ? C’est ce que nous allons voir aujourd’hui et lundi dans La Quotidienne.
Informatique vs. électronique : où est la limite ?
Pour investir dans l’essor des systèmes embarqués, il faut au préalable faire la distinction entre l’industrie électronique et l’informatique.
L’informatique représente la logique immatérielle qui est intégrée dans les systèmes. Il s’agit de l’ensemble des séquences imaginées par les ingénieurs pour donner à l’objet les fonctionnalités voulues. Le développement informatique est donc lié au produit.
Le programme informatique d’une voiture autonome n’a rien à voir avec celui d’un smartphone. Les développements faits pour un lave-vaisselle ne peuvent absolument pas être réutilisés pour concevoir un drone. Vous voyez la logique…
L’autre particularité de la partie informatique est qu’elle est totalement immatérielle. Lorsqu’un développement informatique est terminé, les codes peuvent être envoyés à l’autre bout du monde par Internet – que le produit soit en phase de production à l’usine ou déjà installé dans des millions d’objets.
L’électronique représente la partie physique des objets embarqués. Les puces dans lesquelles les programmes sont installées sont fabriquées dans des lignes de productions bien réelles. Une fois la puce produite et soudée dans un système embarqué, elle ne pourra plus être modifiée. Même si les puces contiennent aujourd’hui de l’intelligence (à un niveau de complexité digne de l’informatique), elles ne peuvent plus être modifiées une fois produites.
Deux secteurs que tout oppose
Si l’informatique et la micro-électronique ont évolué en tandem depuis les années 1970, la structuration de ces deux industries a rapidement divergé. L’état de l’art avançant, les ingénieurs ont pu produire des systèmes de plus en plus complexes en s’appuyant sur l’existant. Informaticiens et électroniciens ne réinventent pas la roue tous les 10 ans : ce qui a été fait et qui peut être réutilisé l’est généralement.
La différence entre les deux secteurs vient du fait que l’informatique nécessite un travail long et coûteux pour chaque objet développé. De leur côté, les puces électroniques sont souvent utilisées à l’identique pour tous les objets d’une même catégorie, voire des objets très différents. Cela vous surprendra peut-être, mais l’électronique des lave-linges haut-de-gamme d’aujourd’hui est quasiment identique à celle des smartphones d’il y a quelques années !
L’évolution de ces deux industries s’est donc faite en sens inverse. Tandis que l’informatique recrutait à tour de bras pour répondre à son insatiable besoin en ingénieurs, l’électronique a subi de gros mouvements de concentrations.
L’industrie informatique est un secteur en déficit structurel de talents dont l’activité globale continue d’augmenter au fil du temps. Les investissements de bon père de famille sont donc nombreux.
Investir dans l’électronique est plus délicat. Au-delà du peu de choix offert aux investisseurs à cause du petit nombre d’acteurs encore sur le marché, les progrès se font rares.
Si l’informatique a pour seule limite l’imagination humaine, l’électronique est, elle, soumise aux contraintes physiques de notre Univers.
La compétition dans le secteur de la micro-électronique se fait autour de la puissance des puces. Cette puissance ne peut être augmentée qu’en fabriquant des puces toujours plus fines. Or, les semi-conducteurs flirtent aujourd’hui avec les limites de la matière. Les circuits de base qui composent les micro-processeurs n’ont aujourd’hui plus que l’épaisseur de quelques centaines d’atomes.
Les procédés de fabrications sont devenus incroyablement complexes et coûteux. Les nouvelles lignes de production ne sont rentables que lorsque les fondeurs ont la certitude de pouvoir écouler des milliards de puces.
Depuis quelques années, chaque étape franchie dans la course à la miniaturisation réveille cette question lancinante : « et si la limite était atteinte ? ». Comme nous parlons ici de physique de base, pas question de dépasser les limites. De la même manière que l’on ne peut dépasser la vitesse de la lumière, la taille des semi-conducteurs obéit à des lois inviolables.
Il faut donc saluer chaque avancée des fondeurs dans leurs technologies de gravure… et pourquoi pas profiter, en tant qu’investisseurs, de cet effort de R&D.
Micro-électronique : l’investissement qui peut rapporter gros
Les entreprises qui arrivent à créer des puces plus fines (et donc plus rapides) gagnent tout naturellement des parts de marché sur leurs concurrents.
En misant sur le bon cheval, il est donc possible de s’assurer de confortables gains. Après tout, il s’agit d’un marché où les investissements se comptent en milliards de dollars, où les brevets sont légion et les connaissances industrielles une vraie barrière à l’entrée. Pas grand-chose à voir avec le développement de sites Internet, vous en conviendrez !
Vous le savez, j’aime les investissements pour lesquels la réussite est quasi-certaine. Dans un secteur où la concurrence est rude, mieux vaut se placer en amont dans la chaîne de valeur afin de minimiser le risque de marché.
Le plus logique pour gagner de l’argent dans la micro-électronique serait donc d’investir dans ASML. Si vous ne travaillez pas dans la micro-électronique, ce nom ne vous dit probablement rien. Il s’agit pourtant du leader mondial de la fabrication de machines pour la production de semiconducteurs.
Au niveau fondamental, acheter le titre ASML revient à acheter un tracker sur l’ensemble du marché électronique mondial. Dans chaque objet électronique se cachent des puces, et derrière chaque puce se cache une machine ASML.
Seul problème : le marché a bien conscience du positionnement idéal de l’entreprise. La valeur est effroyablement chère avec un PER de plus de 35.
Le cours d’ASML (NL0010273215) depuis 10 ans : il est un peu tard pour se positionner.
L’hégémonie d’ASML sur son marché interdit tout espoir de croissance explosive. L’heure n’est donc plus à l’achat sur cette société pourtant pleine de qualités. Rendez-vous dès lundi dans La Quotidienne pour découvrir l’entreprise qui vous permettra de beaux gains dans ce secteur ultra-concurrentiel.