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Wallbox : la smart grid bientôt à domicile

par Etienne Henri
smart grid Wallbox

[La transition énergétique est-elle dans une impasse ? En attendant l’essor de l’hydrogène, composer avec l’épineuse question de l’intermittence des énergies renouvelables est un défi de taille. Si bon nombre de solutions sont envisagées pour lisser la production d’électricité, le stockage sur batteries se démarque. Et, de ce point de vue, les véhicules électriques – Tesla en tête – recèlent un potentiel énergétique encore inexploité… Et c’est là que Wallbox et ses smart grids entrent en scène.]

Pour pallier l’intermittence de production des énergies renouvelables, de nombreuses solutions ont été envisagées. Stockage d’eau en hauteur, production/consommation d’hydrogène et stockage par batteries au lithium… chacune de ces solutions ont leurs avantages et leurs inconvénients.

Les smart grids pourraient permettre de lisser la production d’électricité d’origine renouvelable

En attendant l’essor de l’hydrogène financé par les pouvoirs publics, et outre les barrages réversibles, qui turbinent l’eau stockée pour produire de l’électricité et la pompent lors des périodes creuses, le stockage sur batteries semble être la solution intermédiaire idéale.

Pourtant, remplir nos champs, nos usines et nos domiciles de tonnes de batteries au lithium est un gaspillage inacceptable lorsque l’on sait à quel point les ressources en métaux rares sont limitées.

La solution la plus logique est de créer une économie circulaire de la batterie, où les capacités inutilisées viennent en soutien du réseau électrique. Comme un gigantesque tampon énergétique dont le bilan énergétique serait nul, ces batteries intelligentes pourraient lisser la production d’électricité d’origine renouvelable, par nature intermittente et non-pilotable, et la faire correspondre aux besoins des utilisateurs.

Une entreprise, désormais cotée en Bourse, a fait de cette promesse son cheval de bataille.

Le vilain petit secret de la production de renouvelables 

Créer de l’électricité à partir de sources renouvelables est présenté comme un but indiscutable. Difficile de contester cet objectif alors que les ressources en énergies fossiles s’amenuisent et que la quantité de CO2, dont le potentiel d’effet de serre est non discutable, ne fait qu’augmenter dans l’atmosphère !

La multiplication de sites de production d’énergies vertes crée de nouveaux problèmes

Pour autant, multiplier les sites de production d’énergies vertes crée de nouveaux problèmes. Alors qu’une centrale nucléaire peut être éteinte et allumée en quelques jours, qu’une centrale à gaz (ou au charbon) se pilote en quelques heures et qu’un barrage hydroélectrique s’ouvre et se ferme en quelques minutes, les sources renouvelables n’en font qu’à leur tête. Eoliennes et panneaux photovoltaïques produisent de l’électricité quand bon leur semble, sans lien avec la demande des utilisateurs.

A la clé, une problématique de sous-production que les pays en situation de précarité énergétique connaissent bien, mais aussi un risque de surproduction qui peut s’avérer bien plus dangereux pour les réseaux. Lorsque l’énergie n’est pas utilisée et ne trouve aucune échappatoire, les surtensions peuvent se produire en série, sur les infrastructures comme sur les appareils électriques branchés.

Aussi, le lissage de la capacité de production fait partie des défis principaux de la transition énergétique.

La mobilité propre en sauveur du renouvelable 

La situation n’a pourtant rien de catastrophique. Il existe un potentiel énergétique qui n’est toujours pas valorisé – et dont la profondeur va grandissante. Les voitures électriques, dont le nombre est en hausse exponentielle, représentent un réservoir d’énergie encore inexploité pour les réseaux.

véhicules électriques en circulation

Nombre de véhicules électriques en circulation (source : IEA) 

Utiliser les véhicules électriques comme tampon de production énergétique n’est pas qu’un fantasme irréaliste. Avec le recours à l’hydrogène, il s’agit de la seule solution qui permette de répondre aux ordres de grandeur des besoins de la transition énergétique avec un avantage de taille. Si construire des sites de stockage d’énergie représente un coût irrécupérable, un véhicule électrique possède en plus une valeur d’usage – et non des moindres.

Les voitures électriques représentent un réservoir d’énergie encore inexploité

Une Tesla Model 3 possède une batterie dont la capacité énergétique va de 55 kWh à 80 kWh. Cela permet de couvrir intégralement la consommation moyenne d’un foyer français durant quatre à six jours. Si chaque foyer possédait une Tesla et l’utilisait comme tampon électrique, la problématique de lissage de la production d’électricité d’origine renouvelable disparaîtrait purement et simplement.

Cette problématique est loin d’être anecdotique. L’Allemagne va par exemple provisionner dans les prochaines années plus de 70 Mds€ pour rendre son réseau compatible avec l’intermittence des renouvelables. Ces dizaines de milliards d’euros dépensés à fonds perdus pourraient être utilisés pour financer l’achat de millions de véhicules électriques – lesquels sont en plein boom, je vous le rappelle. Une fois branchés sur tout le territoire, ils soulageraient le réseau électrique qui n’aurait pas besoin d’être dimensionné pour les pics et creux de consommation qui n’arrivent que quelques jours par an.

Wallbox au secours des réseaux 

C’est dans cette optique que la startup espagnole Wallbox a conçu une solution simple pour transformer les voitures électriques des particuliers en tampons énergétiques.

Ses chargeurs intelligents peuvent à la fois servir à recharger les véhicules lorsque l’électricité est peu chère ou, à l’inverse, à siphonner leur énergie pour alimenter les foyers lors des périodes de pointe. Cette fonctionnalité offre des effets vertueux à l’échelle individuelle et collective. Lors des phases de forte demande, où l’énergie est la plus chère, les consommateurs achètent moins d’électricité à leur fournisseur en déchargeant leur véhicule, ce qui conduit à limiter leur facture énergétique.

A l’échelle d’un pays, la déconnexion de ces consommateurs autoalimentés conduit à limiter la demande sur le réseau. Les producteurs ne sont pas incités à rallumer les coûteuses et polluantes centrales à flamme pour répondre aux pics de demande, et les lignes à haute tension sont moins sollicitées.

Système Quasar Wallbox

Le Quasar, dernier-né de Wallbox, charge et décharge de façon intelligente les véhicules électriques (photo : Wallbox) 

La startup a conçu son offre pour être la plus universelle possible. Ses chargeurs sont compatibles avec la plupart des grandes marques. Les Tesla, Honda, Mazda, Renault et même Porsche électriques peuvent s’y brancher. Pour faciliter les ventes auprès d’un public parfois technophobe, les questions techniques comme la tension du réseau électrique ou la présence de triphasé sont soigneusement évitées lors de la phase d’étude. Le client a simplement à indiquer quel modèle de véhicule il souhaite recharger, et Wallbox lui propose une solution compatible.

Wallbox a conçu son offre pour être la plus universelle possible

Cette vulgarisation des problématiques de la recharge porte déjà ses fruits. Au cours du dernier trimestre, l’entreprise a annoncé un chiffre d’affaires de 47,6 M€, en hausse de 250 % sur un an. D’ici la fin de l’exercice, ce dernier devrait dépasser les 68 M€ . Une nouvelle usine, qui devrait être inaugurée en décembre, devrait encore augmenter la cadence de production de chargeurs à 500 000 unités par an.

Les objectifs sont ambitieux puisque Wallbox prévoit d’atteindre une production d’un million de chargeurs à horizon 2025. Pour les investisseurs, le pari peut s’avérer gagnant : une telle hausse de la production reviendrait à une multiplication par 10 de l’activité.

Avec un titre coté en Bourse suite au rachat par un SPAC en octobre, il est désormais possible pour les investisseurs particuliers de participer à l’aventure. Potentiel international oblige, c’est à New York que l’action s’échange sous le symbole WBX (NYSE). Un investissement qui pourrait s’avérer rentable avec l’accélération de la transition énergétique.

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1 commentaire

Fameree 5 janvier 2022 - 16 h 54 min

Le principe du V2H, voire du V2G n’est pas nouveau et a déjà été expérimenté par HYDRO QUEBEC il y a plusieurs années. L’association, les compagnons d’EOLE & de la Transition énergétique, club H2 et graphène à déjà fait plusieurs démonstrations avec divers convertisseurs. Nous attendons avec impatience des véhicules électriques équipes de systèmes bidirectionnels, voire par induction pour la valorisation et le partage de notre production photovoltaïque off grid, ou mixte, le cas échéant. On peut regretter l’immense retard des pouvoirs publics et des opérateurs concernant une activation idéale des réserves stockées dans les batteries des V E

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